Azul, bonjour à toutes et tous.
Quelques péripéties de ma volonté d’apprendre la langue de 1976 à 1979.
D'abord, j’arrive au village en mars 76. (J’avais dix-huit ans) Je ne connais
pas le kabyle, sauf quelques sonorités qui me sont familières à l’oreille.
Quelques belles insultes aussi entendues et retenues dans le café que tenait mon père dans le nord de la France.
Au début, je confond allègrement le masculin et le féminin, au point d’aller
demander à la boulangerie « sin yikhvisen » au lieu de « snet t
khvisin ». Des jeunes présents dans le commerce s’empressent d’aller
colporter la faute et je me fais poursuivre par les gamins pendant quinze
jours. Bien entendu, « sin yikhvisen » est leur cri de guerre…
Je confondais toujours et je disais « kemmini » aux hommes et
« keccini » aux femmes. Le village était partagé : certains
disaient « ad yughal ad i sin » et d’autres « d miss t rumit ,
di lâamar ad i sin taqvaylit… lugha negh t u aar !! »
Quand je buvais on me disait « sah » et on m’avait appris à répondre
« ak mi s ha rebbi ». Toujours pareil, mon oreille ne discerne pas la
nuance et je répond à une brave vieille tante « ak mi kess rebbi ».
Elle étonnée : « dacu k khedmegh a mmi ? » Pas facile le
kabyle…A l’époque, j’apprenais uniquement de mémoire, (pas d’écrits et de
toutes façons pas le temps, il fallait bosser.) Pareil pour les insultes, je ne
faisais pas la différence entre « gmak » et « gemmak » ce
qui fait que quand je disais à quelqu’un « i nal din gemmak »,
j’étais persuadé d’insulter son frère, ça me paraissait moins grave. Et je
vous laisse deviner les bagarres et le nombre d’amendes que j’ai du payer
aux réunions de villages le vendredi. Eh oui, on était « verbalisés » à
la moindre insulte impliquant la religion.
J'ai fini par apprendre et je ne me débrouille pas trop mal aujourd’hui. Les anciens
du village m’ont aidé, souvent…Et puis, une chance, énorme. J’étais à Maraghna,
le village de Ferhat. Je voyais les gendarmes venir le chercher régulièrement. Souvent
il n’y était pas. Il était encore universitaire à Alger à l’époque et des amis
le planquaient. J’ai cherché à savoir pourquoi il était aussi souvent
recherché et c’est là que j’ai perçu qu’en fait cette langue que j’apprenais
était quasi interdite et que j’ai compris que ceux qui
tentaient de la péreniser n’étaient pas des trouillards. Je ne suis pas
tombé dedans tout petit, mais j’en ai pris ma part…
J'aimerais savoir si d’autres se sont retrouvé(e)s dans la même situation et comment ils ont appris...
Ar tafat.
L'apprentissage du Kabyle.
fraka- Nombre de messages : 37
Age : 66
Date d'inscription : 23/02/2007
Re: L'apprentissage du Kabyle.
Merci Fraka pour ce témoignage drôle et attendrissant à la fois....
J'ai, personnellement, une grande tendresse et admiration pour tous ces «biculturels» qui portent un amour lucide pour ma culture, notre culture kabyle, dans ce qu'elle a de meilleur comme de pire...
De ceux (les biculturels) que j'ai connus, j'ai apprécié leur regard sans jugement mais sans être dupes non plus sur cette terre où la promiscuité, le manque, la dureté de la vie mais aussi l'autarcie, l'authenticité et la rage de vivre ont été tour à tour le terreau «du vice et de la vertu» pour paraphraser Giono...
Bref, personnellement, je ne me suis pas retrouvée dans ta situation: j'ai appris le kabyle à la naissance puisque je suis kabyle, née et élevée en Kabylie. Je suis une exilée de fraîche date...
Mais j'ai une anecdote concernant l'arabe. À l'époque, j'avais environ 20 ans. Je suis intervenue en pleine assemblée générale à l'Université (il y avait foule! Et que des «irgazens»...).
J'ai ponctué mon intervention en disant: lihala tetnak!
Silence absolu dans la salle!J'étais heureuse d'avoir capturé l'attention de mon auditoire!
Lorsque, à la fin de l'AG, mes amis m'ont houspillée (en rigolant sous cape) sur mon écart langagier, je ne les comprenais pas beaucoup.
Pour moi, c'était un «adjectif» pour dire «grave». Mais il paraît que le mot a un tout autre sens...
Plus tard, 5 années de vie à Alger ne m'ont pas permis d'améliorer ma connaissance de l'arabe populaire...
Comme quoi, la «langue», c'est une question d'amour...
Louisa
J'ai, personnellement, une grande tendresse et admiration pour tous ces «biculturels» qui portent un amour lucide pour ma culture, notre culture kabyle, dans ce qu'elle a de meilleur comme de pire...
De ceux (les biculturels) que j'ai connus, j'ai apprécié leur regard sans jugement mais sans être dupes non plus sur cette terre où la promiscuité, le manque, la dureté de la vie mais aussi l'autarcie, l'authenticité et la rage de vivre ont été tour à tour le terreau «du vice et de la vertu» pour paraphraser Giono...
Bref, personnellement, je ne me suis pas retrouvée dans ta situation: j'ai appris le kabyle à la naissance puisque je suis kabyle, née et élevée en Kabylie. Je suis une exilée de fraîche date...
Mais j'ai une anecdote concernant l'arabe. À l'époque, j'avais environ 20 ans. Je suis intervenue en pleine assemblée générale à l'Université (il y avait foule! Et que des «irgazens»...).
J'ai ponctué mon intervention en disant: lihala tetnak!
Silence absolu dans la salle!J'étais heureuse d'avoir capturé l'attention de mon auditoire!
Lorsque, à la fin de l'AG, mes amis m'ont houspillée (en rigolant sous cape) sur mon écart langagier, je ne les comprenais pas beaucoup.
Pour moi, c'était un «adjectif» pour dire «grave». Mais il paraît que le mot a un tout autre sens...
Plus tard, 5 années de vie à Alger ne m'ont pas permis d'améliorer ma connaissance de l'arabe populaire...
Comme quoi, la «langue», c'est une question d'amour...
Louisa
louisa a écrit:Merci Fraka pour ce témoignage drôle et attendrissant à la fois....
J'ai, personnellement, une grande tendresse et admiration pour tous ces «biculturels» qui portent un amour lucide pour ma culture, notre culture kabyle, dans ce qu'elle a de meilleur comme de pire...
De ceux (les biculturels) que j'ai connus, j'ai apprécié leur regard sans jugement mais sans être dupes non plus sur cette terre où la promiscuité, le manque, la dureté de la vie mais aussi l'autarcie, l'authenticité et la rage de vivre ont été tour à tour le terreau «du vice et de la vertu» pour paraphraser Giono...
Bref, personnellement, je ne me suis pas retrouvée dans ta situation: j'ai appris le kabyle à la naissance puisque je suis kabyle, née et élevée en Kabylie. Je suis une exilée de fraîche date...
Mais j'ai une anecdote concernant l'arabe. À l'époque, j'avais environ 20 ans. Je suis intervenue en pleine assemblée générale à l'Université (il y avait foule! Et que des «irgazens»...).
J'ai ponctué mon intervention en disant: lihala tetnak!
Silence absolu dans la salle!J'étais heureuse d'avoir capturé l'attention de mon auditoire!
Lorsque, à la fin de l'AG, mes amis m'ont houspillée (en rigolant sous cape) sur mon écart langagier, je ne les comprenais pas beaucoup.
Pour moi, c'était un «adjectif» pour dire «grave». Mais il paraît que le mot a un tout autre sens...
Plus tard, 5 années de vie à Alger ne m'ont pas permis d'améliorer ma connaissance de l'arabe populaire...
Comme quoi, la «langue», c'est une question d'amour...
Louisa
Azul, bonjour à toutes et tous.
L'expression(lihala tetnak) est certes triviale, mais ô combien justifiée et toujours d'actualité!! Il nous arrive parfois de qualifier les choses inconsciemment avec des mots pleins d'à-propos...
Ar tafat.
Azul a yarac,
Merci Fraka pour ton témoignage, je me suis gossé à maintes reprises en lisant tes petites maladresses verbales, si attendrissantes.
La première langue qu'ont entendu mes oreilles fut le kabyle. à l'age de 8 ans j'ai traversé la méditerranée et me suis retrouvé en France. là à comencé mon apprentissage du français. Aujourd'hui, à mon plus grand regret, je parle beaucoup mieux, de manière fluide le français. Et mon vocabulaire en kabyle laisse à désirer. à mon plus grand regret. Tout de même je peux encore tenir de manière aisée une conversation, puisque je continu à le pratiquer avec mes parents. Ce dont j'aurai eu besoin c'est, pour consolider mes connaissances, pour approfondir ma pratique, c'est d'un support écrit. Hors, lire le kabyle le transcrire m'est casiment impossible, puisqu'il n'existe pas de méthode langue, d'ouvrages en braille. J'aimerai tellement travailler avec un linguiste, un chercheur, pour tenter d'élaborer une méthode de transcription, un alphabet braille pour la langue berbère. Je me suis renseigné sur l'existance d'une réflexion autour de cette problématique, mais aucun écho.
J'ai passé une épreuve de kabyle pour le bac, et heureusement à cette époque, c'était une épreuve orale.
en ce moment pour vous écrire j'utilise donc un ordinateur tout à fait ordinaire, auquel se rajoute ce que l'on appel une plage tactile, qui me traduit ce qui se passe à l'écran. Est installé dessus une synthèse vocale qui vient compléter ce que je peux avoir sous les doigt. c'est une synthèse vocale française, alors lorsque je lie certaines phrase en kabyle, c'est prononcé à la française, donc casiment incompréenssible. je dois faire des efforts sur-humain pour recomposer. sinon j'ai la possibilité de lire avec les doigts, et là je me fais une idée de la chose. Donc il y a aussi des efforts à faire au niveau de l'informatique, pour pourquoi pas imaginer une interface kabyle pour ma synthèse vocale, ce qui me faciliterait la lecture d'ouvrages électroniques. On peux toujours rêver. Peut-être ya t'il des gens qui sont kabyles, informaticiens, et qui pourraient phonétiser une synthèse vocale pour la faire parler en kabyle. ça existe en arabe, pourquoi pas en berbère. Ma revue d'écran s'appelle JAWS. c'est utilisé par un grand nombre de personnes aveugles. Et traduit dans une vingtaine de langues.
ar tufat
Merci Fraka pour ton témoignage, je me suis gossé à maintes reprises en lisant tes petites maladresses verbales, si attendrissantes.
La première langue qu'ont entendu mes oreilles fut le kabyle. à l'age de 8 ans j'ai traversé la méditerranée et me suis retrouvé en France. là à comencé mon apprentissage du français. Aujourd'hui, à mon plus grand regret, je parle beaucoup mieux, de manière fluide le français. Et mon vocabulaire en kabyle laisse à désirer. à mon plus grand regret. Tout de même je peux encore tenir de manière aisée une conversation, puisque je continu à le pratiquer avec mes parents. Ce dont j'aurai eu besoin c'est, pour consolider mes connaissances, pour approfondir ma pratique, c'est d'un support écrit. Hors, lire le kabyle le transcrire m'est casiment impossible, puisqu'il n'existe pas de méthode langue, d'ouvrages en braille. J'aimerai tellement travailler avec un linguiste, un chercheur, pour tenter d'élaborer une méthode de transcription, un alphabet braille pour la langue berbère. Je me suis renseigné sur l'existance d'une réflexion autour de cette problématique, mais aucun écho.
J'ai passé une épreuve de kabyle pour le bac, et heureusement à cette époque, c'était une épreuve orale.
en ce moment pour vous écrire j'utilise donc un ordinateur tout à fait ordinaire, auquel se rajoute ce que l'on appel une plage tactile, qui me traduit ce qui se passe à l'écran. Est installé dessus une synthèse vocale qui vient compléter ce que je peux avoir sous les doigt. c'est une synthèse vocale française, alors lorsque je lie certaines phrase en kabyle, c'est prononcé à la française, donc casiment incompréenssible. je dois faire des efforts sur-humain pour recomposer. sinon j'ai la possibilité de lire avec les doigts, et là je me fais une idée de la chose. Donc il y a aussi des efforts à faire au niveau de l'informatique, pour pourquoi pas imaginer une interface kabyle pour ma synthèse vocale, ce qui me faciliterait la lecture d'ouvrages électroniques. On peux toujours rêver. Peut-être ya t'il des gens qui sont kabyles, informaticiens, et qui pourraient phonétiser une synthèse vocale pour la faire parler en kabyle. ça existe en arabe, pourquoi pas en berbère. Ma revue d'écran s'appelle JAWS. c'est utilisé par un grand nombre de personnes aveugles. Et traduit dans une vingtaine de langues.
ar tufat
Azul Cyprine,
Voilà qui permet de te connaître un peu mieux. Je ne peux que m'incliner devant ton goût de la vie, sachant la difficulté supplémentaire que tu as à combattre.
Me consernant, je ne suis pas une intégriste de l'identité. À titre personnel, les gens sont libres de se définir comme ils le veulent, l'entendent, le sentent...
Cet espace est aussi ouvert à ceux, celles qui sans être «totalement» kabyles, ont comme même un air kabyle qui leur colle à la peau, un souvenir kabyle dans le retroviseur ou dans l'album de leur vie. Et je suis d'autant plus admirative lorsque des Kabyles nés et/ou élevés ailleurs, assument sans complexe, sans auto-detestation cet album...
Sinon, voilà, tu as trouvé un espace dans ce forum pour nous dire quelque chose qui puisse nous intéresser, nous émouvoir. Et tu le fais très bien.
Bonne chance!
Louisa
Voilà qui permet de te connaître un peu mieux. Je ne peux que m'incliner devant ton goût de la vie, sachant la difficulté supplémentaire que tu as à combattre.
Me consernant, je ne suis pas une intégriste de l'identité. À titre personnel, les gens sont libres de se définir comme ils le veulent, l'entendent, le sentent...
Cet espace est aussi ouvert à ceux, celles qui sans être «totalement» kabyles, ont comme même un air kabyle qui leur colle à la peau, un souvenir kabyle dans le retroviseur ou dans l'album de leur vie. Et je suis d'autant plus admirative lorsque des Kabyles nés et/ou élevés ailleurs, assument sans complexe, sans auto-detestation cet album...
Sinon, voilà, tu as trouvé un espace dans ce forum pour nous dire quelque chose qui puisse nous intéresser, nous émouvoir. Et tu le fais très bien.
Bonne chance!
Louisa
Oh chère Louisa, ne vous inclinez pas. Mon goût de la vie, je l'aurais eu avec ou sans la vue. Des difficultés tout le monde en connaît. à moi aussi il m'arrive de me plaindre pour un malheureux mal de tête, il m'arrive de jalouser, enfin j'ai tous les défauts du monde... Bon je me marr, j'ai aussi des qualités... La modestie peut-être.
Bon plus sérieusement, la grosse difficultés, c'est qu'il me faut peut-être me concentrer plus pour voir,pour lire entre les lignes, rassurez-vous je ne puis lire dans vos pensées, à force de concentration. Ce que je suis, n'est pas ce que je vois ou ne vois pas. C'est pas parce que vous savez désormais qu'il me manque l'image, que vous me connaissez mmieux... bon daccord, là je chipote un peu, il est tôt ici à paris, et le réveille est difficile. En tous les cas sachez que je n'aimerais surtout as susciter la pitié de votre part, c'est la chose que je déteste le plus après un tas de choses dont on reparlera sans doute un jour.
Bon plus sérieusement, la grosse difficultés, c'est qu'il me faut peut-être me concentrer plus pour voir,pour lire entre les lignes, rassurez-vous je ne puis lire dans vos pensées, à force de concentration. Ce que je suis, n'est pas ce que je vois ou ne vois pas. C'est pas parce que vous savez désormais qu'il me manque l'image, que vous me connaissez mmieux... bon daccord, là je chipote un peu, il est tôt ici à paris, et le réveille est difficile. En tous les cas sachez que je n'aimerais surtout as susciter la pitié de votre part, c'est la chose que je déteste le plus après un tas de choses dont on reparlera sans doute un jour.
bonjour cyprine,
je me permettrai donc une toute petite intrusion cyprine. Pourrais tu (je me permets de tutoyer tura mi necca tagulli d dzemdzeh' (on a partage la pain et le sel)), pourquoi as tu choisi ce pseudo?
J aime la femme mais j aurai parle' de son regard ou` j y lis, quand elle m accorde son attention et son amour, la beautee sinon l emanation de l humanisme qui nous anime.
Je n aurai jamais pense' a ses secretions... est ce parce que ne pouvant voir, tu veux t approcher d elle sous son expression de jouissance?
Rrigh-tent.
je me permettrai donc une toute petite intrusion cyprine. Pourrais tu (je me permets de tutoyer tura mi necca tagulli d dzemdzeh' (on a partage la pain et le sel)), pourquoi as tu choisi ce pseudo?
J aime la femme mais j aurai parle' de son regard ou` j y lis, quand elle m accorde son attention et son amour, la beautee sinon l emanation de l humanisme qui nous anime.
Je n aurai jamais pense' a ses secretions... est ce parce que ne pouvant voir, tu veux t approcher d elle sous son expression de jouissance?
Rrigh-tent.
Pourquoi cyprine ?
Eh bien parce que ça coule de source ! Il suffit de frotter un peu, et apparaît l’origine du monde dans toute sa splendeur. Ce monde est si étendu, qu’il est nécessaire d’explorer cet univers fascinant avec beaucoup de méthode, en essorant cette langue pour qu’elle donne le meilleure d’elle-même. Scrutons, Cherchons, fouillons, et faisons- nous du bien à coups de mots!!! Avec un peu d’imagination on peu changer le cours des évènements et maîtriser le temps qui souvent nous brusque.
Mais mon cher rrigh-tent vous avez tout loisir de vous permettre une intrusion aussi petite soit-elle, d’autant que le mot est plutôt bien choisi. Et vous pouvez également user du tutoiement tant il est vrai que le vouvoiement n’est pas d’usage en berbère, pour rester dans le vif du sujet. J’ai choisi ce pseudo tout d’abord pour le jeu, pour choquer, provoquer. J’adore provoquer, parce que cela abouti très souvent sur des débats constructifs. Parce que sous des aspects badins, des apparences légères, découlent toujours des réflexions plus profondes qu’il n’en paraît.
Effectivement lorsque tu abordes la question du regard, tu touche à un point très sensible. Je n’ai plus accès au regard et à ses différents codes. En revanche ma communication avec autrui passe énormément par le verbal, le tactile et j’en passe. Mais sincèrement je ne pense pas que mon seul lien avec les femmes soit de l’ordre de la substance. Le mot secrétions me dérange d’ailleurs un peu, je trouve que ça fait assez médical.
Le fait de ne pas avoir accès au regard ne me prive absolument pas de la sensation d’un amour, de la beauté ou encore de l’humanisme. Me rapprocher des femmes oui. De l’une de leurs expressions de jouissance encore une fois pourquoi pas. Je pense que ce moment de jouissance est privilégié, puisque c’est à ce moment-là que nous sommes pleinement nous-même.
Eh bien parce que ça coule de source ! Il suffit de frotter un peu, et apparaît l’origine du monde dans toute sa splendeur. Ce monde est si étendu, qu’il est nécessaire d’explorer cet univers fascinant avec beaucoup de méthode, en essorant cette langue pour qu’elle donne le meilleure d’elle-même. Scrutons, Cherchons, fouillons, et faisons- nous du bien à coups de mots!!! Avec un peu d’imagination on peu changer le cours des évènements et maîtriser le temps qui souvent nous brusque.
Mais mon cher rrigh-tent vous avez tout loisir de vous permettre une intrusion aussi petite soit-elle, d’autant que le mot est plutôt bien choisi. Et vous pouvez également user du tutoiement tant il est vrai que le vouvoiement n’est pas d’usage en berbère, pour rester dans le vif du sujet. J’ai choisi ce pseudo tout d’abord pour le jeu, pour choquer, provoquer. J’adore provoquer, parce que cela abouti très souvent sur des débats constructifs. Parce que sous des aspects badins, des apparences légères, découlent toujours des réflexions plus profondes qu’il n’en paraît.
Effectivement lorsque tu abordes la question du regard, tu touche à un point très sensible. Je n’ai plus accès au regard et à ses différents codes. En revanche ma communication avec autrui passe énormément par le verbal, le tactile et j’en passe. Mais sincèrement je ne pense pas que mon seul lien avec les femmes soit de l’ordre de la substance. Le mot secrétions me dérange d’ailleurs un peu, je trouve que ça fait assez médical.
Le fait de ne pas avoir accès au regard ne me prive absolument pas de la sensation d’un amour, de la beauté ou encore de l’humanisme. Me rapprocher des femmes oui. De l’une de leurs expressions de jouissance encore une fois pourquoi pas. Je pense que ce moment de jouissance est privilégié, puisque c’est à ce moment-là que nous sommes pleinement nous-même.
Merci Cyprine.
C est un plaisir de te "redecouvrir".
je me suis hate' de me faire une opinion de toi en te "surprenant" dans les "Frasques d annie". Il est vrai que certains passages etaient de mauvais gout pour une puritain comme moi.
Mais depuis, en balayant les frasques d annie, je te redecouvre et j ai hate de lire "tes provocations" surtout si elles sont de la saveur de "mon ange".
Rrigh-tent.
C est un plaisir de te "redecouvrir".
je me suis hate' de me faire une opinion de toi en te "surprenant" dans les "Frasques d annie". Il est vrai que certains passages etaient de mauvais gout pour une puritain comme moi.
Mais depuis, en balayant les frasques d annie, je te redecouvre et j ai hate de lire "tes provocations" surtout si elles sont de la saveur de "mon ange".
Rrigh-tent.
cyprine a écrit:Oh chère Louisa, ne vous inclinez pas. Mon goût de la vie, je l'aurais eu avec ou sans la vue.
En tous les cas sachez que je n'aimerais surtout as susciter la pitié de votre part, c'est la chose que je déteste le plus après un tas de choses dont on reparlera sans doute un jour.
Cyprine,
Je m'incline, non par pitié, mais par reconnaissance....
Reconnaissance d'un parcours. Non pas que j'aie un «handicap» physique, non. Mais un parcours fait de combativité, d'envie d'aller plus loin, ailleurs que ce à quoi ma naissance, mon milieu d'origine, mes prisons intérieures, les succès apparents me prédestinaient.
Née femme, dans un milieu maraboutique où les mots se chuchotent plus qu'ils ne se disent, où les révoltes sont méconnues, où les héritages sont futiles, où les familles se déchirent dans la plus grande des hypocrisies, où les codes ressemblent à des farces pathétiques, où la soumission se cultive précieusement, où les apparences comptent plus que la vie, où les renoncements ont le goût de l'impuissance, où les femmes ne sont parées que pour mieux les faire taire, où le pouvoir tient à du vent;
J'ai appris à me battre. D'abord contre moi-même, puis contre la grande mascarade. Et contre la tentation du renoncement, quand la fatigue et le goût de la facilité se font pressants. J'ai appris à me frayer un chemin vers la liberté, quitte à renoncer à certains de ces petits bonheurs, de ces certitudes rassurantes. Quitte à renoncer à l'insouciance, à la légèreté...
En chemin, on croit m'avoir offert la rémission. Et j'aurais pu me contenter de l'illusion. Peine perdue, car j'ai cultivé très tôt le goût de l'entièreté, de l'autonomie.
Rassure-toi, tu n'es pas le seul devant qui je m'incline.
Je m'incline devant toutes celles et tous ceux qui reviennent de loin, avec le goût de la vie au bout des lèvres.
Rassure-toi, je n'aime pas la pitié, car elle coupe l'élan de l'action.
Je n'aime pas la pitié, elle est l'apanage des paresseux, des commodes mous, des mous accommodants, des fatalistes, des démissionnaires, des atrophiés du cerveau et du coeur.
Le coeur humain, et j'y crois fortement, est capable de plus que de pitié. Il est capable de générosité, d'altruisme, de partage, de regard profond.
C'est pour cela que les yeux du coeur, eux, sont importants.
Tu m'as fait parler, Cyprine...
Cordialement,
Louisa
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