Yessis n Teryel

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    L'actualité kabyle, conférence de Aziz Tari

    louisa
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    Date d'inscription : 02/01/2007
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    L'actualité kabyle, conférence de  Aziz Tari Empty L'actualité kabyle, conférence de Aziz Tari

    Message par louisa

    Azul,

    Voilà un compte-rendu d'une conférence donnée par Aziz Tari, un des 24 détenus de 80, sur la situation en Kabylie et sur les perspectives pour la souveraineté de la Kabylie. Cette conférence a été donnée à Taqerbust, en Kabylie.

    _____________________________________________

    C’est en cet avant dernier jour de l’an 2010 que Forum-Kabylie a décidé d’animer une conférence- débat dans l’un des plus grands villages de Kabylie, "Taqerbust" situé au cœur la Kabylie, en face de la majestueuse montagne de Djurdjura, ayant pour thème la situation générale en Kabylie et les alternatives de sortie de crise, animée par Mass Aziz Tari.

    Cette conférence a débuté vers 17h30 (après le retour de la cueillette des olives), dans une cafétéria du village avec la présence d’un nombre important de villageois. Après l’observation d’une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la liberté, et après la lecture du texte fondateur du Forum-Kabylie en kabyle et en français par deux animateurs du forum de Taqerbust, le conférencier a débuté sa présentation par la dénonciation du Wali de Bgayet qui a affiché publiquement sa volonté, lors de sa visite récente à Akbou, de réprimer la mouvance autonomiste dans la région. La suite a été une analyse des différents cycles d’événements historiques qui ont ébranlé la Kabylie depuis la perte de son autonomie en 1857 à nos jours en passant par la crise berbériste de 1949, le mouvement national, l’insurrection du FFS en 1963, l’affaire des poseurs de bombes, le mouvement d’avril 80, l’ouverture politique et ses répercussions en Kabylie, le coup d’état de janvier 1992 et ses conséquences et finalement la dernière insurrection de 2001 qui a ruiné les derniers espoirs des Kabyles.

    Tout en portant un regard critique sur ces événements, le conférencier a mis l’accent sur l’origine de la crise profonde de l’État-Nation, une crise structurelle, systémique, politique et idéologique et affirmant que seul le chemin de la rupture pourra sortir de cette impasse historique. Ce combat emmène inéluctablement à la redéfinition de l’État-Nation, la reconnaissance du droit à la souveraineté des peuples qui le constituent notamment le peuple Kabyle dont le conférencier se réclame . Le cadre le plus approprié est pour l’orateur une autonomie large avec transfert des compétences quand aux domaines essentiels qui conditionnent l’existence du peuple kabyle qui accomplira son destin sur la base de son particularisme et d’un socle commun historique.

    Il a conclu sa présentation par la proposition d’ alternatives qu’il considère comme incontournables pour sortir la Kabylie des jupons du système dont les principales sont :

    - Ouvrir un débat large sur l’état des lieux dans tous les domaines pour comprendre le drame que la Kabylie vit et les échecs répétés pour pouvoir sortir de cet impasse. - Construire un rassemblement large autour de convergences pour asseoir les fondements et les assises d’un projet et d’une pensée en rupture radicale avec le système pour se rapproprier la terre laissée en héritage commun par les ancêtres aujourd’hui occupée par l’armée, les islamistes et le grand banditisme. - Les débats doivent servir à construire les assises d’une conférence régionale qui définira les grandes lignes d’un grand projet - Aboutir aussi à dégager une autorité morale ou un conseil de la Kabylie dont les prérogatives et les missions devront être clairement définies

    Lors du débat, l’orateur a répondu aux différentes questions posées par l’assistance d’obédiences politiques diverses portant entre autres sur :

    - sur la proposition du FFS d’une assemblée constituante comme rupture et de « Saint Egidio » comme autorité morale. - sur la fiabilité des forces politiques à composante kabyle pour aboutir au changement de régime - sur l’autonomie vue parfois comme une sorte de repli sur soi et la crainte que cette revendication ne plonge la Kabylie dans le chaos qui ressemblerait au drame que subissent les Kurdes et les Ivoiriens. - sur la capacité de la Kabylie à reprendre la lutte, après sa dernière défaite lors de printemps noir, et les moyens restants pour y aboutir. - sur la conviction de certains qui croient que la solution réside dans l’unité de tous les Algériens. - sur la différence entre autonomie et régionalisation modulable

    A toutes ces questions et à d’autres, l’orateur a développé dans ses réponses les arguments qui constituent une ébauche d’un combat nouveau brisant les tabous et remettant en cause les constantes idéologiques qui bloquent le processus historique. La notion d’unité a été remise en cause par l’orateur au profit de la notion de rassemblement autour d’une ambition collective. L’orateur remet en cause fondamentalement la notion d’unité du peuple algérien qui est un non-sens de l’histoire alors qu’il faut aller vers le respect du droit à la souveraineté des uns et des autres dans un cadre qui accepte le droit à la différence, à la diversité s’exprimant dans un cadre nouveau qui est la pluralité. La notion de l’unité dans la compréhension du cadre existant est une démarche fascisante car signifiant unicité que l’orateur veut combattre considérant qu’elle occulte le fond du problème depuis le mouvement national. De même le conférencier n’appelle pas à l’unité de la Kabylie, mais à un rassemblement de toutes les forces pour sortir la Kabylie de cette tragédie.

    Selon l’orateur, l’assemblée constituante souhaitée par le FFS ne peut exister dans un régime totalitaire. Il fallait appeler à renverser ce régime pour instaurer un fonctionnement démocratique des institutions d’une part et d’autre part les partisans de cette voie ne posent pas la question du droit à la souveraineté des peuples composant cette mosaïque algérienne complexe mais réelle. Ils sont dans la voie réformiste qui maintient les mêmes constantes, celles qui ont produit toutes ces injustices et qui maintiennent le système existant. Le conférencier a continué en disant « Quant à la réunion de Saint Egidio, c’est une période triste dans notre vécu collectif, elle est dans la continuité du nationalisme algérien et ses promoteurs rejoignent en cela leurs camarades éradications qui ont appelé, pour leur survie, un pouvoir fasciste à les sauver de cette vague verte quitte à se soumettre à ses ordres, ces deux mouvances jouant le rôle de pompier d’un système qui a complètement instrumentalisé et ruiné la Kabylie.

    Les forces kabyles aujourd’hui n’existent pas .Elles sont décimées par des années d’errance dans des chemins qui nous ont menés vers une impasse. Ces partis ne représentent qu’eux mêmes, fidèles à leur voie réformiste, incapables de comprendre les enjeux historiques. Ils sont un frein au développement d’un processus qui conduira vers le chemin de l’affranchissement d’un système qui maintient les Kabyles en esclavage. Il faut des forces nouvelles en cohérence avec les aspirations nouvelles, dans un projet qui doit nous émanciper de cette chape idéologique et doctrinale. Il faut de la visibilité et de la lisibilité pour construire une voie dans une démarche qui doit tracer le chemin, celui de la liberté ».

    Répondant à un autre intervenant, Aziz Tari a répondu « La régionalisation, la décentralisation, l’autonomie modulable sont un faux débat et un non-sens pour une simple raison ; elles s’inscrivent dans une logique réformiste et occultent le caractère du droit à la souveraineté du peuple kabyle. La Kabylie n’est pas un ensemble de départements, de sous préfectures ou de communes, elle est la patrie des Kabyles dans laquelle est enracinée une histoire, une mémoire collective, une identité et je ne peux la réduire à une vulgaire région. Je réfute cette appellation et cet argument qui répond à un confort intellectuel dénué de tout sens si ce n’est maquiller l’incapacité d’assumer son rôle historique, une autre forme de convenance intellectuelle qui ne se mouille pas mais qui attend le jour venu de s’habiller en fonction du rapport de force comme une girouette au gré du vent de l’histoire. Aujourd’hui il est demandé à nous tous, tous les Kabyles que nous sommes d’assumer le rôle historique en tant que tel sans ambigüité ni calculs et d’assumer la marche qui portera cette voie celle du droit au peuple kabyle à accéder à sa souveraineté. On peut discuter du cadre mais pas du fond. »

    Le conférencier a poursuivi , répondant à une personne inquiète, « pour la question kurde, de la Côte d’Ivoire et tant d’autres pays construits artificiellement par le colonialisme comme le notre, le temps est venu de comprendre que c’est la question fondamentale, on vit le processus d’un mouvement profond celui qui pose la question de la construction des Etats postcoloniaux dont on a hérité et notre combat est de s’en défaire. Sur vos lèvres je lis la crainte du danger de l’implosion, je peux comprendre votre inquiétude, mais elle est historiquement inscrite dans notre paysage politique et structurellement durable tant qu’on n’a pas réglé la question profonde de l’Algérie postcoloniale. Je n’ai pas peur de cette implosion, elle est un mal pour un bien pour tout redéfinir. La solution réside dans la redéfinition des fondamentaux et on est là pour ça et surtout pour accompagner ce mouvement ».

    La conférence s’est clôturée à 22h00 dans le calme. L’assistance satisfaite a apprécié le niveau et la qualité du débat continuant à discuter des thèmes du débat augurant des sujets de conversation dans les jours à venir.

    Il est à noter que ce débat s’est tenu malgré les manœuvres du pouvoir et de ses relais : impossibilité d’obtenir une salle publique, affichage interdit et coupure de l’électricité afin de perturber l’événement. Les organisateurs ont gagné leur pari , celui d’imposer le débat qui plus est de proximité.

    Forum-Kabylie, Section de Taqerbust

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