Yessis n Teryel

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    Portrait : Kamira Nait Sid, femme kabyle engagée

    louisa
    louisa
    Admin

    Nombre de messages : 262
    Date d'inscription : 02/01/2007
    02012007

    Portrait : Kamira Nait Sid, femme kabyle engagée Empty Portrait : Kamira Nait Sid, femme kabyle engagée

    Message par louisa

    Faire le portrait d’une femme politique kabyle est un exercice périlleux, pour plusieurs raisons.

    D’abord, c’est aller à l’encontre d’une opinion tenace, selon laquelle la société kabyle est tellement archaïque, la division sexuelle de l’espace y est tellement forte, que l’existence même d’une telle figure relève d’un mirage ou d’un « mensonge » politique.
    L’on ne manquera pas d’invoquer Tajmaat, l’assemblée du village, espace politique exclusivement masculin. Les faits sont, certes, têtus
    !

    Portrait : Kamira Nait Sid, femme kabyle engagée Kamira10


    Ensuite, la femme kabyle n’appartient pas au monde merveilleux des Mille et Une Nuits, avec le cortège d’images sublimées qu’il charrie.
    Si l’on ajoute à cela le fait que la modeste parole féministe kabyle (et nous avons l’outrecuidance de penser qu’elle existe) s’est toujours inscrite au côté de la revendication berbère, on saura pourquoi cette opprimée parmi les opprimés n’intéresse pas les faiseurs d’idées, que ce soit à Alger ou outre-mer.

    Mais en parler, c’est aussi courir le risque de taire une réalité paradoxale, celle d’un microcosme politique kabyle féroce, qui n’a fait, jusque-là, de place aux femmes que pour s’en servir d’alibi.

    Enfin, les exigences du portrait lui-même. Ombre et lumière ? Ombre ou lumière ? Dur exercice de contrastes. Et de conscience.

    Nous, nous faisons le choix de rendre hommage à une femme kabyle, dont l’engagement est un exemple de persévérance et d’endurance : Kamira Nait Sid.
    Nous nous remettons à la mémoire collective et à l’Histoire pour trancher. En sachant qu’elles sont particulièrement redoutables quand il s’agit de « juger » de l’action des femmes.

    Les années lyriques

    Aujourd’hui, Kamira a trente-huit ans et travaille dans le commerce.

    Elle est née à Tifilkout, village de la région d’Illilten, dans les montagnes kabyles. Elle en garde une allure racée, une voix un peu rauque taillées dans le roc et une simplicité des gens authentiques.

    Mais Kamira a surtout l’âge de ses engagements. Initiée à la chose politique depuis ses années de collège, c’est à l’Université de Tizi-Ouzou, dans les comités autonomes, qu’elle donne libre cours à ses talents d’activiste politique, entre 1990 et 1994, aux côtés de sa défunte sœur Karima. L’Algérie venait de découvrir le multipartisme, et la Kabylie l’ivresse de ses victoires éphémères.

    Après un bref passage par l’association féministe locale, Thighri n’Temettut (Cri de femme) en 1990, elle « sympathise » avec le RCD, réceptacle politique pour toute une génération d’étudiantes, séduites par l’audace politique du parti. Cumulant les revendications de laïcité, d’abrogation du code de la famille et de tamazight, le RCD avait tout pour plaire.

    C’est au sein du Mouvement culturel berbère, dont elle vit les déchirements et les divisions politiciennes, que Kamira fait le gros de son cheminement, entre 1990 et 1999. Ne dédaignant pas l’action culturelle, elle est aussi membre de l’association culturelle Tafat, et ce depuis 1990.

    De ces années, Kamira garde la quintessence de son combat : « Être militante dans notre pays s’est se retrouver face à trois fronts en même temps : le pouvoir dictatorial et oppresseur, ses textes de lois discriminatoires, le poids des mentalités rétrogrades et les intégristes islamistes. » Lorsque éclatent les émeutes de Kabylie en 2001, c’est tout naturellement que Kamira rejoint le Mouvement des Archs.

    Dans le Mouvement des Archs : Simple « tricoteuse » ou militante à part entière ?

    Le Mouvement des Archs (ou Laarach, en Kabyle), baptisé également mouvement citoyen par une certaine presse, est cette structure politique née à la suite des violentes émeutes qui ébranlent la Kabylie en 2001. La mémoire militante, elle, l’appelle tout simplement Printemps noir, en référence à son lointain aïeul, le Printemps berbère de 1980.

    Le Mouvement rend public son programme politique dans le document qui porte le nom de plate-forme de Leqser, en référence à la ville kabyle où se tient le conclave.

    Première surprise, cette plate-forme politique, d’obédience plutôt de gauche, fait l’impasse sur la revendication de l’abrogation du code la famille algérien, revendication largement partagée par les forces politiques locales jusque-là.

    Pire, le Mouvement citoyen exclut les femmes, en ne leur conférant que le statut d’observatrices !

    Les enjeux politiciens l’emportent, et le Mouvement des Archs n’en finit pas de payer de son image son action à ce sujet.

    Pourtant, Kamira nie dans un premier temps ce fait, sûrement par souci d’épargner un Mouvement prometteur : « Le mouvement citoyen n’a pas écarté les femmes mais la tradition pèse lourd alors aux femmes d’oser le changement. La tradition, la menace islamiste, le code de la famille, voilà nos 3 fronts de lutte en tant que femmes. », confie-t-elle à Nicole Logeais.

    Telles ces fameuses tricoteuses de la Révolution française, Kamira participe aux conclaves du Mouvement des Archs en qualité d’observatrice. Mais elle finit par revenir publiquement sur ce chapitre de sa participation au Mouvement des Archs, qu’elle quitte en 2003 : « Dans les conclaves, effectivement nous n’avons pas le droit de participer. C’est à dire qu’on ne participe pas à la prise de décision, mais on a le droit de prendre la parole. »

    À cette période, avec une autre militante du Mouvement, Faroudja Moussaoui, elle fonde le Collectif des femmes du Printemps noir dont elle se dit encore présidente aujourd’hui.

    Le 24 mai 2001, ce Collectif, en coordination avec le Mouvement des Archs, organise à Tizi-Ouzou une manifestation qui draine plus de 50 000 femmes pour revendiquer l’arrêt des massacres et le départ de la gendarmerie nationale. Cinquante mille « pétroleuses » médiatiques, diront certains !!!

    Kamira reste à l’écoute de sa région, la Kabylie, dans laquelle elle semble ancrer son combat. « Vivre dans une région comme la Kabylie le bastion du combat pour l’identité et la démocratie en Algérie, une région qui a enfanté les plus grands militants de la démocratie et liberté dans notre pays à l’exemple de Matoub Lounes, Ferhat Mehenni, Nabila Djehnine, Karima Nait Sid et autres, nous donne la possibilité de renforcer nos capacités et nos connaissances. »

    Elle rejoint donc le camp des autonomistes et se revendique du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie.

    Aujourd’hui, si elle se dit toujours autonomiste kabyle, c’est dans le Congrès mondial amazigh (CMA) qu’elle s’investit totalement.

    Dans le CMA : Sur la voie des Conventions internationales

    « L’Algérie officielle est considérée comme un pays arabe et musulman et de cette identité imposée décolle la crise que nous vivons, la femme est la première victime de cette politique baathiste. Les textes de lois du code de la famille sont discriminatoires et considèrent la femme algérienne mineur à vie, consacre la polygamie, dans tous les droits à l’homme pour répudier sa femme, etc. Ce code est inspiré de la charia et en contradiction avec notre mode de vie et culture amazigh. », tel est le nouveau sens que donne Kamira à son combat.

    Et c’est dans le CMA, organisation qui œuvre à « défendre et promouvoir l’identité culturelle de la nation Amazighe et soutenir son développement dans tous les domaines à l’intérieur et à l’extérieur de Tamazgha », qu’elle semble trouver les moyens à la mesure de ses ambitions, en qualité de membre fédéral.

    En effet, c’est au nom du CMA qu’elle est reçue, en novembre 2005, par M. Khadafi, le président libyen.

    C’est également sous l’égide du CMA, et en qualité de membre exécutif de l’IPACC, Indigenous Peoples Of Africa Co-ordinating Commitee (Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique) [1] , où elle représente le peuple amazigh d’Afrique du Nord, qu’elle se déplace à New York, en mai 2006, pour défendre les droits des Amazighs à la session permanente de l’ONU sur les peuples autochtones.

    C’est aussi en qualité de membre exécutif de l’IPACC qu’elle « participe au 1er congrès des peuples autochtones francophones au Maroc [en ce début novembre 2006]. Et à une rencontre en France sur les peuples des montagnes en décembre [2006]. »

    Enfin, toujours avec le CMA, elle investit un autre terrain, celui de la formation des cadres associatifs : « Avec le CMA [nous] avons tracé un programme de travail sur un court et long terme, une série de conférences et de tables rondes sur la situation des femmes et la crise de Kabylie, comme nous préparons des formations pour les cadres associatifs et les militants avec des spécialiste de l’ONU sur les mécanismes de droits humains pour les peuples autochtones. Nous avons une formation pour les militants amazighs [qui] sera financée par l’IPACC pour la fin de l’année [2006]. »

    Louisa At Ali

    04/11/2006

    N.B. Article écrit pour le magazine d'opinion kabyle http://www.kabylienews.com/article.php3?id_article=3715[img]
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    avatar

    Message Mar 9 Jan - 8:02 par Hzaouche

    trés bon article louisa
    louisa

    Message Sam 26 Mai - 17:45 par louisa

    Cet article a été repris par le groupe cybersolidaires, réseau féministe québécois: http://cybersolidaires.typepad.com/francophonie/2007/01/portrait_de_kam.html

    et par le réseau Femmes de la francophonie: http://femmesdelafrancophonie.org/

    Message  par Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est Dim 19 Mai - 10:52

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