Mémoire de la Fédération de ressources d’hébergement pour femmes
violentées et en difficulté du Québec à la Commission Bouchard-Taylor
Montréal, le 13 décembre 2007 – La Fédération de ressources
d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec
soutient
qu’un souci d’accommodement est souhaitable pour éviter que les femmes
immigrantes et des communautés ethnoculturelles victimes de violence
conjugale se retrouvent dans une situation où elles sont doublement
victimisées par la société d’accueil et par leur communauté.
Le parcours de ces femmes vers une vie sans violence est souvent
parsemé
d’obstacles qui augmentent leur situation de vulnérabilité. La
méconnaissance du français et des ressources existantes, l’ignorance de
leurs droits, la peur de perdre leurs enfants sont autant de barrières
pouvant freiner leur démarche pour s’en sortir. À ces facteurs
s’ajoutent la peur de l’isolement et la pauvreté qu’entraîne le rejet
par leur famille et les membres de la communauté pour qui la violence
conjugale reste taboue et le divorce interdit.
Les défis que pose l’adaptation des services en violence conjugale
participent de la volonté de répondre plus efficacement aux besoins des
femmes immigrantes et des communautés ethnoculturelles. Ces femmes
partagent non seulement les besoins de la plupart des femmes victimes
de
violence, soit la sécurité, la protection et l’hébergement, pour elles
et leurs enfants, mais également le besoin d’être soutenues,
accompagnées dans leur démarche et respectées dans leurs spécificités
culturelles et religieuses qui teintent le rythme de leur cheminement
vers une plus grande autonomie.
À l’instar de l’Avis du Conseil du Statut de la femme, la Fédération
reconnaît les valeurs collectives de séparation de l’État et de la
religion, de primauté du fait français et d’égalité entre les femmes et
les hommes mais en contexte de violence conjugale, l’expérience a
démontré qu’un accompagnement empreint de respect contribue
favorablement à l’intégration de ces femmes à la société québécoise.
Ainsi, tout accommodement, dans une perspective d’harmonisation
interculturelle, devrait s’inscrire dans la lignée des principes de la
politique gouvernementale de 1995 et des engagements du Plan d’action
2004-2009 en matière de violence conjugale, notamment l’engagement 58
(annexe 9) qui est de donner suite aux mesures identifiées dans le Plan
d’action en immigration du Ministère des Relations avec les citoyens et
de l’Immigration qui poursuivent l’objectif de prévenir et de contrer
la
violence conjugale faite aux femmes immigrantes et issues des
communautés ethnoculturelles. Ces mesures touchent :
· l’accès aux services d’aide ou de protection;
· la sensibilisation des intervenantes et des intervenants du réseau de
la santé et des services sociaux aux difficultés particulières vécues
par celles-ci;
· l’élaboration d’un programme de prévention de la violence conjugale
s’adressant aux jeunes issus des communautés culturelles avec une
approche adaptée aux valeurs de leur communauté et de celles de la
société d’accueil;
· documenter la problématique de violence conjugale en contexte
immigrant et ethnoculturel.
La Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en
difficulté du Québec invite la Commission à tenir compte de ces
recommandations dans l’élaboration de son document final.
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Source : Lucie Lortie, agente aux programmes et aux communications,
(514) 878-9757 - lortie@fede.qc.ca – www.fede.qc.ca
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