Bonjour,
Voici l’extrait d’un article très intéressant, trouvé sur La Révolution en Charentaises. Je vous laisse en juger. Je ne vais pas le reproduire en totalité ici, un peu long. Mais voici le lien pour le lire et relire.
Ici
Lorsqu’il publie La domination masculine (1998), Bourdieu est au sommet de sa gloire : sociologue (re)connu dans le monde entier, il est aussi la figure
de proue très médiatisée des intellectuels de gauche français. Pourtant, c’est avec une très grande humilité qu’il aborde dans ce livre le sujet de la
place des femmes dans notre société. "Je me suis aventuré, après beaucoup d’hésitation et avec la plus grande appréhension, sur un terrain extrêmement
difficile et presque entièrement monopolisé aujourd’hui par des femmes", confie-t-il. C’est la logique de l’ensemble de ses recherches qui le pousse à
traiter ce sujet, qui fournit l’exemple par excellence de la violence symbolique et de la soumission à l’ordre établi. Bourdieu démontre que cet ordre
n’a rien de naturel et il a la ferme intention de le battre en brèche. Même s’il reconnaît l’intérêt des luttes féministes menées jusqu’à présent, il considère
que celles-ci se focalisent trop sur l’unité domestique (le foyer, qui relève de la sphère privée) et pas assez sur les instances dans lesquelles s’élaborent
et s’imposent les rapports de domination (et qui relèvent de la sphère publique). La domination masculine propose donc une approche originale et particulièrement
fertile du combat féministe.
Pour mettre le combat féministe au coeur du mouvement social
cyprine- Nombre de messages : 11
Localisation : paris
Date d'inscription : 20/09/2007
Re: Pour mettre le combat féministe au coeur du mouvement social
Excellent texte. Merci Cyprine. J'ai notamment apprécié ce passage (mais pas le seul):
La domination masculine est aussi un piège pour les hommes qui, selon le mot de Marx, sont "dominés par leur domination". D’abord, la virilité est un idéal impossible. Elle rend les hommes d’autant plus vulnérables qu’elle doit être validée par les autres. Bourdieu la définit comme "une sorte de peur du féminin, et d’abord en soi-même". Ensuite, la virilité assigne à l’homme de tâches peu enviables, à commencer par la guerre. Pour illustrer son propos sur la souffrance des dominants, Bourdieu cite abondamment La promenade au phare, de Virginia Woolf - auteur de référence des féministes - et conclut que « l’homme est aussi un enfant qui joue à l’homme ». Il ajoute que les femmes ne sont pas dupes, mais qu’elles se résignent à suivre les jeux de l’homme à distance, notamment les jeux de pouvoirs. Elles sont préparées à y prendre part, mais par l’intermédiaire de leurs hommes (mari, fils). Il en résulte notamment une "libido socialement instituée" : les hommes aiment les jeux de pouvoir et les femmes aiment les hommes qui les jouent.
|
|