Said se voit le prochain président et se rappelle qu'il est Kabyle. Admirez comment il tente de récupérer le sujet de l'autonomie de la Kabylie, sans avoir l'air d'y toucher et sans aller en profondeur bien sûr.
http://www.rcd-algerie.org/index.php?id_rubrique=41
Céline Beauregard - Saïd Sadi, vous êtes kabyle et vous pourriez être candidat à la prochaine élection présidentielle. Or, en Algérie, il est communément admis que « jamais un Kabyle ne sera président ». Comment expliquez-vous cette réticence ?
Saïd Sadi - Il faut savoir que les Kabyles ne sont pas les seuls Berbères d'Algérie, mais qu'ils représentent avant tout les habitants de la Kabylie. On a souvent l'impression qu'il n'y aurait que des Kabyles en Algérie. Or la Kabylie est une région d'Algérie parmi d'autres, même si elle a occupé une place spécifique dans le mouvement national algérien. Le problème, c'est qu'au moment de l'indépendance, par une sorte de mimétisme avec le colonisateur, les Algériens ont endossé un système politique et administratif jacobin, voire stalinien. Les centres urbains ont été progressivement arabisés et la quasi-totalité des Nord-Africains ont fini par adopter l'islam comme religion.
Dans ce système marqué par une culture du nivellement par le bas, de l'intolérance et du sectarisme, mes origines constituent évidemment un handicap. Mais ce n'est pas uniquement le fait que je sois kabyle qui est en cause. C'est surtout le fait que je sois kabyle et démocrate, deux tares totalement irrémédiables dans le monde arabo-musulman d'aujourd'hui.
Si le régime reste ce qu'il est, il est clair que je n'ai aucune chance. Mais si le régime évolue - une hypothèse qui ne peut être totalement écartée dans la mesure où les gens qui ont confisqué le pouvoir depuis 1962 sont en train de quitter la vie politique et, pour certains, la vie tout court -, alors la compétition sera ouverte et une véritable perspective démocratique s'offrira au pays. Vous savez, la capacité à tolérer l'autre ne va pas de soi. Mais il faut savoir être volontariste.